Les centres de santé communautaires, piliers de la lutte contre les maladies non transmissibles au Mali

Les centres de santé communautaires, piliers de la lutte contre les maladies non transmissibles au Mali

Tingolé – « J’avais des vertiges, des maux de tête et j’étais très stressé », se souvient Adama Thiero, 63 ans, enseignant à Tingolé, à une centaine de kilomètres de Bamako. Diagnostiqué de l’hypertension artérielle en 2010, Adama suivait un traitement qui ne lui donnait pas une totale satisfaction et empiétait sur son travail. « Je prenais régulièrement des médicaments mais je n’allais pas bien comme je le voulais. Mon état de santé impactait mon travail et souvent, je venais en retard en classe. »

L’hypertension artérielle fait partie des maladies non transmissibles (MNT) qui constituent une préoccupation majeure de santé publique au Mali. Ces maladies sont à l’origine de 30 % de tous les décès enregistrés dans le pays, dont 12 % attribués aux maladies cardiovasculaires. Le risque de mortalité prématurée à cause d’une MNT est de 25 % pour la tranche d’âge entre 30 et 70 ans.

Face à cette situation, le Ministère de la santé du Mali, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à travers le fonds canadien, a introduit, en novembre 2021, le projet pilote de lutte contre les maladies non transmissibles. Etaient impliqués 28 districts sanitaires couvrant 660 centres de santé de base dont le Centre de santé communautaire (CSCom) de Tingolé.

Ce projet qui s’inscrit dans la stratégie HEARTS (Ensemble de techniques pour la prise en charge des maladies cardiovasculaires dans le cadre des soins de santé primaires) a pour objectif de renforcer les capacités des travailleurs de la santé sur la prévention et la prise en charge intégrée de l’hypertension artérielle et du diabète au niveau des formations sanitaires périphériques.

Au total, 1292 travailleurs de santé, dont 49 % de femmes, ont été formés entre novembre 2021 et septembre 2022. Dr Moussa Touré, Directeur technique du CSCom de Tingolé, en poste depuis 18 ans, a suivi cette formation en début 2022, et cela a changé les habitudes de son centre de santé. « Maintenant, nous gérons nous-même nos patients qui ont les formes simples de diabète. Il en est de même pour l’hypertension. Avant, ces cas étaient référés au Centre de santé de référence de Fana », indique Dr Moussa Touré. « L’outil d’évaluation du risque cardio vasculaire est utilisé systématiquement pour tous les adultes de plus de 40 ans qui viennent en consultation médicale. »

Aujourd’hui au CSCom de Tingolé, 73 personnes sont suivies pour des maladies non transmissibles notamment 45 patients hypertendus et 28 diabétiques. « Cela a été possible parce que mes capacités ont été renforcées. Aujourd’hui, je détecte certains patients que je n’aurais pas pu faire avant », dit-il soulignant qu’il a à son tour formé tout son personnel.

La stratégie du Mali dans la lutte contre les MNT met l’accent sur l’hypertension et le diabète parce que la morbidité et la mortalité liées à ces affections sont très élevées par rapport aux autres MNT.

« Avec l’appui de l’OMS, notamment la formation, le suivi post formation et le matériel, la qualité des services pour ces deux pathologies a été considérablement améliorée et les soins rapprochés des communautés », a déclaré Dr Abdoulaye Koné, chargé du programme national MNT au Mali.

L’Organisation a soutenu des activités relatives à l’évaluation du tabagisme, de l’alcoolisme, des affections de surdité et bucco-dentaire, de l’obésité et au renforcement de la sécurité routière. « Tous ces appuis permettent de mieux cibler et d’être efficace dans les interventions visant à réduire les facteurs de risques et les MNT elles-mêmes », ajoute Dr Koné.

Selon l’OMS, il est plus facile de prévenir et de prendre en charge l’hypertension artérielle et le diabète depuis la base de la pyramide sanitaire. Dr Ousmane Sy, Chargé du programme maladies non transmissibles au bureau de l’OMS au Mali relève trois avantages principaux de la prise en charge des MNT dans les centres de santé primaires. « Premièrement, en luttant contre les facteurs de risque au niveau communautaire on peut diminuer l’incidence de ces deux affections. Deuxièmement, les cas les plus simples peuvent être gérer dans les structures primaires ce qui évitent l’engorgement des hôpitaux et diminue la survenue des complications. Troisièmement, cette gestion efficiente de ces maladies limite les dépenses excessives des patients car avec peu de ressources ils gèrent leur pathologie sur place. Ils ne dépensent plus régulièrement dans le transport pour se rendre dans les centres hospitaliers urbains », explique Dr Sy.

Désormais, Adama vit mieux avec la maladie. « La prise en charge est meilleure depuis que les gens sont venus de Bamako pour les former », reconnait Adama, qui est devenu un acteur dans la lutte contre les MNT dans sa localité. « Maintenant, je prends peu de comprimés, je consomme peu de sel, je marche beaucoup et je me sens léger. Tout cela, c’est grâce à un bon suivi. »

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